
Les anglophones l'appellent "Covid-Rage". Elle est la "Covid-Wut" outre-Rhin. La nouvelle menace qui pèse sur notre société, ce n'est pas (seulement) le dernier variant du virus, ni la cinquième vague de contamination mais cette affection invisible, insidieuse, susceptible de toucher tout un chacun, même celui qui s'estime "en santé mentale", stable et équilibré.
La "rage du Covid" touche toutes les populations, fragilisées par un contexte social, politique et économique extrêmement anxiogène. Quel est donc ce nouveau mal et quelles stratégies adopter pour l'éradiquer ? Tour d'horizon des solutions à mettre en place pour prendre soin de sa santé mentale.
Une société sous tension permanente
Depuis presque deux ans, la pandémie accompagne le quotidien de chacun d’entre nous : à la maison, au bureau, dans les transports, au supermarché, à l’école pour les plus jeunes… elle est à l'origine d'un état de tension permanent qui se traduit par une multiplication des incivilités et des éclats de colère, même chez des personnes peu habituées aux éclats de voix : la Covid 19 rend les gens de plus en plus agressifs.
Dans un article du Sonntagszeitung du 4 décembre 2021 publié en ligne, la journaliste Bettina Weber évoquait l’atmosphère générale en Suisse : « Il suffit d’un rien pour que les clients des restaurants, les usagers des transports ferroviaires ou des compagnies aériennes perdent leur sang froid. » Et les incidents de se multiplier : coups de coudes et autres bousculades dans les transports en communs, agressions verbales envers les employés des magasins…
Que faire de cette colère omniprésente ?
Comment, dès lors, prendre de la distance avec ce virus qui vient perturber aussi notre santé mentale post-confinement ? Le Dr Hans Steiner, professeur émérite du département de psychiatrie et des sciences du comportement de l’Université de Stanford, étudie depuis plusieurs décennies la colère et l’agression. Dans un entretien publié sur le site de l’Université de médecine de Stanford, il appelle à être proactif et à se faire aider pour dépasser l’état de colère.
« De par leur nature même, la colère et l'agressivité sont essentiellement sociales. Nous ne sommes pas seulement en colère ; nous sommes en colère contre quelqu'un ou quelque chose que quelqu'un a fait. Ce fait nécessite une intervention sociale ». On peut imaginer entamer une thérapie de couple, une thérapie familiale, rejoindre un groupe de parole.
Une chose est certaine : l’isolement, s’il est un allié de choix dans le contrôle du virus et des contamination, est délétère pour notre équilibre mental. Il faut donc se donner des outils pour gérer nos frustrations et nos émotions. Depuis notre plateforme www.lalignepelican.com , des experts en santé mentale se tiennent à votre disposition pour vous accompagner de façon personnalisée dans la gestion de moments de crise.
De nombreuses capsules et dossiers thématiques, également disponibles sur notre plateforme, vous aideront à développer par exemple votre l’adaptabilité émotionnelle. Entrainez-vous notamment à exprimer votre colère sans exploser .
5 astuces pour dépasser sa « Rage du Covid »
Le Professeur Megan Hays, psychologue clinicienne et professeure adjointe à l'UAB Marnix School of Medicine, affirme que ses patients présentent un large éventail d'émotions difficiles alors que la pandémie s'éternise, parmi lesquelles l'anxiété, l'inquiétude, la tristesse, le désespoir et la culpabilité. Mais une émotion domine les autres : la colère.
Dans un article publié le 30 septembre sur le site de l'Université d'Alabama de Birmingham, le Professeur Hays recommande cinq stratégies qui ont fait leurs preuves pour aider à se sortir de cet état de colère chronique associé à la pandémie.
1/ Admettre que c'est normal et même utile d'être en colère
« La colère nous dit que quelque chose ne va pas. Peut-être que notre sécurité est menacée, qu'une injustice se produit ou qu'une action est requise de notre part. Si personne n'avait ressenti de colère à propos de la pandémie, nous n'aurions peut-être jamais développé de vaccins ou institué le port du masque et la distanciation sociale, car personne ne se soucierait de ce qui est arrivé à son entourage. »
2/ Apprendre à répondre adéquatement à la colère et non réagir sous le coup de celle-ci
Il existe une corrélation entre comportements agressifs - colère et hypertension -maladies coronariennes. Garder son calme est donc bon non seulement pour sa santé mentale mais aussi sa santé physique !
Le professeur Hays recommande de prendre de la distance vis-à-vis de la situation de tension, de se donner le temps de traiter la colère, puis de revenir à la situation lorsque les émotions sont sous contrôle. Dans cet entretemps visant à s’apaiser, Hays suggère le divertissement pour faire baisser la pression :
Se défouler : allumez la musique et dansez, chantez la frustration.
Créer : Certaines personnes trouvent le dessin ou la peinture très apaisant.
Être productif : Trouvez une corvée que vous aimez, comme la lessive, la vaisselle ou passer l'aspirateur.
Se dépenser : Certains peuvent trouver que marcher d'un bon pas, courir ou faire du vélo est un excellent moyen d'évacuer les frustrations.
3/ Arrêter de ressasser ses frustrations liées à la pandémie
Il appartient en effet à chacun d’entre nous de et de ne pas alimenter sa propre colère.
« Il peut être tentant de ressasser toutes les informations erronées que vous avez vues sur Internet aujourd'hui et de proposer des arguments hypothétiques sous la douche, mais c'est une stratégie improductive » prévient le Professeur. « Réorientez votre attention en vous concentrant sur ce qui est sous votre contrôle. »
La gratitude fonctionne bien comme antidote à la colère. Entraînez-vous à vous concentrer sur ce qui est bon dans la situation actuelle, comme la gratitude envers les scientifiques qui ont créé les vaccins ou rendu possible l'accès à des informations de santé publique précises.
4/ Pratiquer l'acceptation radicale
Avec des « si », on refait le monde. Envisager des scénarios alternatifs empêche d’accepter la réalité. « La douleur est inévitable, mais lutter contre la réalité génère de la souffrance, et la souffrance est facultative », déclare le Professeur. « Nous pouvons choisir d'accepter radicalement la réalité telle qu'elle est, pas telle que nous souhaitons qu'elle soit. La réalité est qu'il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas contrôler à propos de la pandémie – et de la vie en général. »
5/ Faire part à ses amis et à ses proches de son état d'esprit
Nous sommes des êtres sociaux : communiquer et partager ses sentiments avec les autres est une stratégie éprouvée pour gérer la colère. « Un thérapeute peut également aider à gérer les émotions difficiles et à apprendre des mécanismes sains pour faire face à la colère, alors n'hésitez pas à demander de l'aide professionnelle lorsque cela est indiqué. » précise Hays.
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