Fragilité nerveuse, prédisposition aux maladies psychiatriques – dépression, hystérie… Les femmes sont réputées être facilement au bord de la crise de nerfs ! Il faut dire que, si prédisposition il y a, c’est au stress de vie que la double casquette de femme active/ mère épanouie vissée sur la tête des femmes par la société. Une stature qui les condamne à rester dans l’ombre d’une représentation de femme parfaite. Et à ruminer en silence. Alors, comment remettre les femmes en lumière ? Zoom sur la santé mentale des femmes avec les Experts de La Ligne Pélican.
Sur un fil… au-dessus du précipice : les femmes modernes, des équilibristes un peu « masos » ?
A croire qu’elles aiment souffrir. Après tout, qui leur demande de travailler en plus de s’occuper des gosses ? A vouloir être partout tout le temps, on finit par exister nulle part. Voilà typiquement le genre de jugements que reçoivent les femmes d’aujourd’hui et qui les abiment, insidieusement.
Les femmes ne devraient pas avoir à être des Wonder Women pour exister. Ne serait-il pas plus sain d’encourager les femmes à concilier leurs missions plutôt que de les accabler ? D’autant plus qu’on sait l’impact que le stress et la charge mentale ont sur la santé mentale des femmes. La revue Le Journal des psychologues, dans son numéro 347 consacré au « Féminisme, perspectives psychosociales » et paru en mai 2107 rappelait le lien étroit entre charge mentale et développement de problèmes psychologiques :
« En 2000, l’Organisation mondiale de la santé avance un argument socio-économique et affirme que les multiples rôles que les femmes sont amenées à occuper, ainsi que le poids des nombreuses responsabilités qu’elles endossent, les exposent davantage à des problèmes de santé mentale. »
Il y a quelque chose de pourri au royaume de la psychiatrie
L’inégalité femme/homme se perçoit également dans l’approche qu’ont les professionnels de la santé mentale de leurs patientes. Les effets d’un système patriarcal où le mâle reste la référence (y compris dans les études médicales et psychiatriques essentiellement réalisées à partir d’échantillons masculins). En novembre / décembre 2017, pour son 38ème numéro, le magazine Sciences et Santé édité par l’INSERM consacrait un dossier Grand Angle « Santé Sexe et genre : mieux soigner les hommes et les femmes ». Le docteur Catherine Vidal avertit :
« Il n’est pas rare que les études en neuro-imagerie interprètent les différences cérébrales entre les sexes comme le résultat d’un déterminisme biologique inné qui expliquerait les différences d’aptitudes et de rôles sociaux des femmes et des hommes. Or, cette vision n’est plus défendable face aux progrès des connaissances sur la plasticité cérébrale, qui montrent que le cerveau se façonne en interaction avec l’environnement physique, affectif, social, culturel. Rien n’est à jamais figé dans le cerveau, quels que soient le sexe et les âges de la vie. »
Un conditionnement dès l’enfance des futurs médecins qui aboutit à une mauvaise prise en charge.
Avec la surcharge mentale pour normalité, comment ne pas péter les plombs ?
En construisant la jeune fille sur le mode de la culpabilisation, on lui inculque qu’elle est responsable de tous ses maux. Y compris lorsque le déséquilibre interne qu’elle peut ressentir provient de facteurs externes sur lesquels elle n’a pas de pouvoir direct. Enfin plutôt sur lesquels elle ne peut agir seule. En 1981, la journaliste Nicole Campeau faisait, pour le magazine féministe québécois La vie en rose, la revue du livre Va te faire soigner, t’es malade ! des psychologues et anthropologues Louise Nadeau, Louise Guillon et Roxane Simard et remarquait comment la dualité du rôle des femmes fragilisait leur équilibre mental :
« Socialement, les femmes sont actuellement coincées, quoi qu'elles fassent : femmes au foyer, elles jouent, isolées, un rôle lourd d'exigences et totalement dévalorisé. Femmes au travail, elles jouent, au bas de l'échelle, un rôle pour lequel elles ont été mal préparées et assument quotidiennement la double tâche, en craignant comme toutes les autres d'être de mauvaises mères.
Car, quels que soient les nouveaux rôles qu'on prétend vouloir leur laisser choisir, les femmes sont d'abord évaluées par les « psy », comme par la société en général, en fonction de leurs qualités de mères et de responsables de la vie affective des leurs. Les femmes, dociles exécutrices des messages sociaux, sont les premières à se croire coupables de tous les problèmes des autres, comme des leurs. »
Pour s’accomplir dans notre société, une femme « devrait » - selon les codes véhiculés par la société – avoir une carrière professionnelle tout en s’épanouissant dans son rôle de mère : Ce qui, en d’autres termes, revient à assumer plusieurs jobs à la fois, à temps plein ou à 80%, dans le meilleur des cas… En plus de l’image extrêmement négative que le passage au 4/5eme au travail peut renvoyer - que l’on ne manque pas d’ailleurs de faire ressentir à la salariée concernée (désengagement dans le poste, difficulté de la mère à gérer son quotidien) - et de l’impact financier que l’aménagement du temps de travail peut avoir, le vrai risque, c’est l’impact psychologique. Car dans les faits, cela revient souvent à assumer 100% de la charge de travail avec 80% de temps de présence. Et le site dédié aux cadres, cadremploi.fr, de conseiller :
« Le grand risque du travail en 4/5ᵉ est d’avoir à fournir 100 % du travail en 80 % de temps... Même si cela est rare et difficile dans un contrat de cadre, demandez que l’avenant à votre contrat de travail définisse précisément les tâches qui vous sont demandées. »
Aide-toi, parce que le Patriarcat ne t’aidera pas : (mais les Experts LLP, si) !
La bienveillance est de mise : écouter les femmes dans son entourage professionnel comme personnel, notamment lorsqu’elles témoignent, de manière si timide soit-elle, de leurs difficultés à gérer le quotidien.
Les Experts de La Ligne Pélican ont mis en ligne un dossier thématique consacré à la charge mentale des femmes : des ateliers vidéos et capsules pour donner des outils aux femmes mais également à tous ceux qui ont à cœur de faire bouger les lignes pour plus d’égalité : l’épuisement émotionnel pour mieux l’identifier et le traiter, le Yoga pas à pas pour se ressourcer, la charge mentale au travail pour mieux s’organiser, Quels sont les droits des femmes au travail ? pour se défendre ou encore Comment devenir un homme féministe au travail ? pour être plus juste…
A vous de jouer !
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