Nous avons tous quelqu’un.e dans notre entourage qui trouve toujours une raison de se lamenter, détournant souvent le sujet de la conversation sur elle/ lui en agaçant tout le monde au passage… Les mauvais jours, nous pouvons aussi devenir aussi cette personne. Toutefois, quand le mal-être devient contagieux, mieux vaut mettre de la distance entre l’instatisfait.e chronique et nous-même. Comment démêler alors le toxique du véritable appel au secours ? Entre griefs légitimes & jérémiades horripilantes, état des lieux et solutions avec les experts de La Ligne Pélican.
Se plaindre, Un art de vivre à la française ?
« C’est vraiment trop injuste ! » dirait Calimero, le petit poussin noir qui traîne sa mauvaise humeur, coquille sur la tête. Il a beau être italien, sa popularité dans l’hexagone n’a d’égale que la propension des autochtones à râler. Eh oui, le Français râle pour tout… même si la France est classée 8ème à l’échelle mondiale pour sa qualité de vie selon une enquête en 2021 du magazine américain CEOWORLD. Râler, c’est donc plutôt une attitude face à la vie, une posture à la française. Au risque de jamais être satisfait en voulant toujours plus et de plonger dans une spirale de négativité.
Selon Julie Barlow, journaliste canadienne et co-autrice de "The Bonjour Effect", il existe un fossé culturel dans la perception même de la plainte entre les Français et les Américans :
"Pour les Américains, dire quelque chose de négatif donne l'impression de mettre fin à la conversation", alors qu'en France, c'est plutôt "une façon d'inviter les autres à avoir une opinion".
Râler témoignerait d'une forme d'intelligence et faire preuve d'optimisme dans l'Hexagone... d'une forme de naïveté - pour ne pas dire de bêtise. Râler, ça aurait du bon ?
Tantôt Mimi Geignarde, tantôt grande tragédienne : trouver le juste milieu
Alors, extrême sensibilité, égocentrisme, attitude intellectuelle ?
Dans son ouvrage Le Syndrome de Calimero Saviero Tomasella nous met en garde de jugements trop hâtifs :
« Réfléchir au sentiment d’injustice, à l’insatisfaction et à la plainte requiert nuance et subtilité, autant qu’une grande humilité pour accepter la complexité des situations humaines et des personnes elles-mêmes. Gardons-nous de les aborder les unes et les autres dans un esprit de réductionnisme, de simplisme ou de dualité. »
Se plaindre, c'est subtil.
Dans un article "Do You ,Complain Too Much, Too Little or Just the Right Amount?" publié sur The learning Network sur le site du New York Times, Nathalie Proulxs vient sonder les étudiants au sujet de leur façon de ruminer. Elle y cite d'autres spécialistes de l'art délicat de la plainte :
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"We’ve all done it: Whether it’s about traffic, our boss or our partner’s annoying habits, complaining “is just something we do, like breathing — though hopefully not as often,” said Robin Kowalski, a professor of psychology at Clemson University. Even though it may come naturally, griping isn’t necessarily always a good thing. Ruminating on negative feelings, and reinforcing them through constant discussion with other people, can lead to catastrophizing, which “is something that can contribute to depression,” said Margot Bastin, who studies communication between friends at the department of School Psychology and Development in Context at the Belgian university KU Leuven.
"Nous l'avons tous fait : qu'il s'agisse de la circulation, de notre patron ou des habitudes agaçantes de notre partenaire, se plaindre "est quelque chose que nous faisons naturellement, comme respirer - mais, espérons-le, pas aussi souvent", selon les mots de Robin Kowalski, professeur de psychologie à l'Université de Clemson. Même si cela semble naturel, se plaindre n'est pas toujours une bonne chose. Ruminer des sentiments négatifs et les renforcer par des discussions constantes avec d'autres personnes peut conduire au catastrophisme, "quelque chose qui peut contribuer à la dépression", a déclaré Margot Bastin, chercheuse étudiant la communication entre amis au département de School Psychology and Development in Context à l'université belge de KU Leuven.
Si se plaindre agit comme un exutoire et est libérateur pour la plupart d'entre nous, le risque et de passer à côté de cette fonction cathartique en refusant d'aller de l'avant : s'enfermer dans un cercle vicieux avec, au centre de celui-ci, la victime de ses propres jérémiades. Il est vrai que notre société, avec ses injonctions au bonheur, peut exacerber la souffrance qui ne se sent pas légitime de se plaindre, comme l'évoque Saviero Tomasella dans Le syndrome de Calimero : « La siutation est encore compliquée par quelques nouvelles formes de morale, comme les injonctions à « positiver » ou à « vivre l’instant présent ».
L’important est donc d’être écouté lorsque l’on est en souffrance tout en évitant la complaisance.
Au travail, le pire défaut d’un collègue
Selon un sondage OpinionWay pour monster.fr en mars 2015 rapporté par le magazine lefigaro.fr, pour 36% des sondés, se plaindre tout le temps est le pire défaut d'un collègue.
Comme dans tout groupe social, celui que forment les salariés de l'entreprise connaît toujours un élément qui se lève systématiquement du pied gauche. Une situation usante pour l'ensemble du groupe.
Alors, comment s'en prémunir ? S'il est important de prêter une oreille attentive à quelqu'un en souffrance, il faut également être très prudent pour ne pas se faire entraîner dans la spirale de la négativité. Lorsque l'attitude nous laisse supposer qu'elle est en souffrance et que son mal-être s'exprime par des plaintes excessives, il convient de l'accompagner vers un professionnel qui aura davantage d'outils pour intervenir.
Les experts de La Ligne Pélican vous invitent à relever le défi de Passer une journée sans se plaindre.
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